Quel consommateur êtes-vous ?

L'alcool : définition et repères de consommation

 

Qu'elle soit régulière ou occasionnelle, une prise excessive d’alcool peut être dangereuse. Pour préserver votre santé, évaluez votre consommation de boissons alcoolisées et comparez-la aux repères conseillés.

QU’EST-CE QUE L’ALCOOL ?

L’alcool est un composé chimique nommé éthanol (ou alcool pur).

Dans l'alimentation, il est obtenu par la fermentation du sucre de :

  • fruits (ex. : raisins pour le vin, cerises ou poires pour les eaux de vie) ;
  • grains (ex. : houblon servant à produire la bière) ;
  • tubercules (ex. : pomme de terre, utilisée dans la production de la vodka).

La quantité d’alcool pur contenue dans une boisson alcoolisée est indiquée sur l’étiquette de la bouteille, en degrés (°) ou en pourcentage (%) pour 100 ml. Plus le degré est élevé, plus la boisson est concentrée en alcool pur.
Ainsi, pour une boisson à 12 ° ou 12 %, 100 ml contiennent 12 ml d’alcool pur ou éthanol.

La fabrication et la distribution de l’alcool sont règlementées, mais sa consommation est licite.

Sa consommation sous forme de boissons est donc très répandue et peu encadrée, ce qui constitue un problème majeur de santé publique.

L'alcool en dehors des boissons

L’alcool a de très nombreux usages :

  • dans l’industrie agroalimentaire (comme conservateur par exemple) ;
  • en chimie comme solvant de peintures ou de vernis, pour fabriquer de l’antigel par exemple ;
  • en médecine et en pharmacie, notamment pour ses propriétés désinfectantes ou pour fabriquer certains sirops ou gouttes buvables ;
  • dans des produits ménagers (avec un risque d'ingestion accidentelle, surtout chez les enfants) ;
  • comme carburant sous forme de « bio-éthanol » additionné à l’essence.

QUE SE PASSE-T-IL DANS L’ORGANISME QUAND ON INGÈRE DE L’ALCOOL ?

Lorsqu’il est avalé, l’alcool est très rapidement et presque complètement absorbé au niveau de l’intestin. Il passe dans la circulation sanguine. Ainsi, après consommation d'alcool, la concentration d'alcool dans le sang est maximale au bout de 45 minutes si l'alcool est bu à jeun et au bout de 90 minutes s'il est pris au cours d'un repas.

De la circulation sanguine, l'alcool diffuse en quelques minutes dans tout l’organisme (sauf dans les os et les graisses) jusque dans le cerveau.

Puis, l'alcool est éliminé peu à peu à 95 % par le foie et à 5 % par les reins (urine), la peau (sueur), la salive et les poumons (expiration). La vitesse d'élimination de l'alcool est variable d'une personne à l'autre et plus lente chez la femme que chez l'homme.

L'alcool n'est pas digéré, donc contrairement à certaines idées reçues, la durée d'élimination de l'alcool ne peut être réduite en buvant du café salé, de grands verres d’eau ou une cuillerée d'huile !

Il faut noter que l’alcool inhalé passe également dans la circulation sanguine car il est absorbé au niveau de la muqueuse nasale.

 

COMMENT ÉVALUER SA CONSOMMATION D'ALCOOL ?

Une bière, un verre de whisky, un verre de vin ou encore une vodka orange tels qu’on les sert dans les bars contiennent tous la même quantité d’alcool pur (environ 10 g). C’est ce que l’on appelle un verre standard ou encore unité d’alcool.

Toutefois, cette équivalence est valable seulement si chaque boisson est servie dans le récipient prévu à cet effet (verre à vodka, à cognac, etc.), conçu pour un certain dosage. Par exemple, si vous remplissez de porto un verre à vin (10 cl) au lieu d’un verre à apéritif (6 cl), cette règle ne s’applique pas.

 

Attention aux prémix et boissons énergisantes

Les prémix (ou « pre-mix ») sont des boissons contenant 5 à 7 % d'alcool, mélangé à un soda très sucré. Prêts à l’emploi, ces produits ciblent directement les adolescents, qui apprécient pour la plupart leur saveur douce. Or, ce goût est trompeur : il masque celui de l’alcool et peut amener à boire de grandes quantités de prémix, entrainant des comportements dangereux responsables d'accidents de la route, d'actes violents... et créant un risque d’alcoolodépendance.

Les boissons énergisantes (contenant des excitants comme la caféine, des vitamines, etc.) entraînent parfois un abus de boissons alcoolisées. En effet, elles diminuent la perception des effets de l’alcool sur l’organisme.

À QUOI CORRESPOND UNE CONSOMMATION D’ALCOOL EXCESSIVE ET QUELLES SONT LES VALEURS REPÈRES DE CONSOMMATION ?

Pas de consommation d'alcool sans risque

Il n’y a pas de consommation d’alcool sans risque, mais des consommations à risque plus ou moins élevé.

Il n’existe donc pas de seuil de consommation qui permettrait à coup sûr de limiter les risques pour la santé tout au long de la vie. Toutefois, un avis d’experts de Santé publique France et de l’Institut national du cancer a tenté de définir des risques acceptables et propose une valeur repère unique aussi bien pour les hommes que pour les femmes exprimée sous la forme d’un nombre de verres d'alcool standard.

Valeurs repères de consommation d'alcool

Depuis 2017, cette valeur repère chez l'adulte, quel que soit le sexe, a été établie à 10 verres d'alcool standard par semaine, maximum, sans dépasser 2 verres standard par jour.

Ces mêmes experts recommandent d'avoir des jours dans la semaine sans consommation et, pour chaque occasion de consommation, de :

  • réduire la quantité totale d’alcool bue à chaque occasion ;
  • boire lentement, en mangeant et en alternant avec de l’eau ;
  • éviter les lieux et les activités à risque de consommation excessive d'alcool ;
  • s'assurer d’être entouré de personnes de confiance et de pouvoir rentrer chez soi  en toute sécurité après avoir consommé de l'alcool.

Après 65 ans, l'organisme tolère moins bien l'alcool et les recommandations sont adaptées :

  • pour les consommateurs quotidiens, de ne pas dépasser un verre par jour et d’essayer d’avoir des jours dans la semaine sans consommation ;
  • pour les consommateurs occasionnels, de ne pas dépasser 2 verres par occasion, d’avoir au moins 2 jours sans consommation dans la semaine et de ne pas dépasser 7 verres par semaine.

Ces recommandations ont été élaborées à partir des avis et recommandations de la Société française de gériatrie et de gérontologie, de la Société française d’alcoologie, de Santé publique France et du National Institute on alcohol abuse and alcoholism aux États-Unis.

Ne pas boire d'alcool dans certaines circonstances

D'une façon générale, l'option la plus sûre est de ne pas consommer d'alcool dans les situations suivantes :

  • pendant toute la durée de la grossesse et de l’allaitement de l'enfant ;
  • pendant l’enfance, l’adolescence et toute la période de la croissance ;
  • en cas de conduite automobile ;
  • lors de pratique de sports (risque de chute, de blessure...) ;
  • en cas de consommation de médicaments, car il existe de nombreuses interactions entre l'alcool et les médicaments. L'alcool peut diminuer l'efficacité des médicaments ou en augmenter les effets indésirables. Ainsi, il est recommandé de se référer à la notice des médicaments pris. Pour les personnes de plus de 65 ans, il leur est conseillé de parler de leur consommation d’alcool à leur médecin traitant afin d’évaluer les risques d’interaction avec leur traitement en cours ;
  • si l'on présente certaines maladies, selon les conseils de son médecin.

LES HABITUDES DES FRANÇAIS EN MATIÈRE D’ALCOOL

Malgré une diminution régulière du volume d’alcool consommé depuis 50 ans (majoritairement portée par la diminution de la consommation de vin), la consommation de boissons alcoolisées reste très importante en France en fréquence et en volume. Elle est au 4è rang des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Consommation d'alcool chez les adultes de 18 à 75 ans en 2021

Consommateurs d'alcool en légère baisse

En 2021, 85 % des adultes (18-75 ans) ont déclaré avoir bu de l'alcool au cours de l'année écoulée contre 86,5 % en 2017 :

  • 39 %  au moins une fois par semaine, en baisse parmi les hommes (de 52,7% en 2017 à 50,5% en 2021) et stable parmi les femmes (28,1% en 2021) ;
  • 8 % chaque jour, avec une baisse significative depuis 2017 (10,0 %). Cette baisse s’observe aussi bien parmi les hommes (15,2 % en 2017 et 12,6 % en 2021) que parmi les femmes (5,1 % en 2017 et 3,8 % en 2021). 

Parmi les 18-75 ans ayant consommé de l’alcool au cours de l’année, le nombre moyen de jours de consommation par an a baissé de 103 en 2010 à 92 en 2021 tandis que le nombre moyen de verres un jour de consommation a baissé de 2,3 à 2,2.

10 % de gros consommateurs d'alcool

En 2021, les 10 % des 18-75 ans les plus consommateurs consomment à eux seuls 54 % de l’alcool consommé.

Alcoolisations ponctuelles importantes en hausse chez les femmes en 2021

Les indicateurs de fréquence des alcoolisations ponctuelles importantes, qui correspondent à la consommation d'au moins 6 verres d'alcool en une occasion (binge drinking) n’ont pas évolué significativement entre 2017 et 2021 parmi l’ensemble des adultes et parmi les hommes.

En revanche, la part de femmes déclarant avoir eu une alcoolisation ponctuelle importante au moins une fois dans l’année est passée de 21,4 % en 2017 à 23,0 % en 2021 et celle déclarant au moins une alcoolisation ponctuelle importante par mois est passée de 7,6 % entre 2017  à 8,6 % en 2021.

Entre 2020 et 2021, en métropole, la proportion des adultes déclarant une consommation d'alcool au dessus des repères de consommation à moindre risque a diminué de 23,7 % à 22,0 %.

  • Cette baisse est portée par les hommes (baisse de 33,2 % en 2021 et 30,6 % en 2022) et plus particulièrement ceux âgés de 18 à 24 ans et de 65 à 75 ans.
  • Pour les femmes, il n'a pas été noté de baisse significative  (13,8 % en 2021 contre 14,7 % en 2020), sauf pour celles âgées de 65 à 75 ans. Cependant, elles sont 2 fois moins nombreuses que les hommes à déclarer dépasser les repères de consommation.

Alcool chez les jeunes

Les usages d’alcool des jeunes diffèrent de ceux de leurs aînés.

La consommation d'alcool est principalement associée à des moments conviviaux (soirées, évènements festifs...) Les jeunes boivent moins régulièrement de l'alcool, mais de manière plus excessive avec des épisodes d'alcoolisation ponctuelle importante et des états d'ivresse.

Le risque est donc celui de l'alcoolisation aiguë et rapide dont la gravité est augmentée s'il y a usage simultané de cannabis ou autres substances illicites. Ces risques comportent les accidents, les agressions, les états d'ivresse, les malaises, voire le coma éthylique.

Lorsque les épisodes d'alcoolisation débutent tôt dans la vie et se répètent fréquemment, les consommateurs s'exposent également au risque de consommation chronique d'alcool avec dépendance.

En 2021, les plus jeunes consomment moins souvent, mais ingèrent des volumes de boissons alcooliques plus importants que leurs aînés qui, pour leur part, consomment plus souvent :

  • les 18-24 ans consomment ainsi en moyenne 3,2 verres par jour et ont 64,3 jours de consommation par an ;
  • tandis que les 65-75 ans consomment 1,6 verres, 123,7 jours par an.

Le binge drinking

Le binge drinking, ou « biture express » ou encore « beuverie express », est un mode de consommation qui consiste à boire de l’alcool ponctuellement, le plus rapidement possible et en grandes quantités. En français, on parle de conduite d’alcoolisation aiguë, de recherche d’ivresse (ou, plus familièrement, de « défonce » ou de « cuite »).

Selon la Haute Autorité de santé (HAS), le binge drinking, peut être défini comme la consommation d’au moins 6 verres d’alcool (soit 60 g d’alcool pur) par occasion.

Le binge drinking expose les consommateurs à des dangers spécifiques accrus :

  • coma éthylique ;
  • altération des facultés cognitivo-comportementales ;
  • prises de risques multiples (altercations, conduite en état d’ivresse, etc.), notamment dans le champ de la sexualité (rapports non protégés, relations non consenties) ;
  • troubles du comportement (violence, impulsivité) ;
  •  dégradation du bien-être général (troubles de la concentration, de la mémoire, du sommeilfatigue, difficultés financières, etc.).

À long terme, le binge drinking accroît le risque de développer une dépendance et certaines maladies (cancers, stéatose hépatique, hépatites, cirrhosecardiopathie ischémique, neuropathies périphériques, encéphalopathies, troubles cognitifs, dépression...